mercredi 23 février 2011

Le Président de la République doit faire des excuses aux magistrats qu’il a accusés à tort

PARIS, 15 fév 2011 (AFP)
Le député socialiste Arnaud Montebourg a jugé mardi que le président Nicolas Sarkozy devrait « faire des excuses » aux magistrats, après les conclusions des rapports d’inspection mettant hors de cause les juges dans le suivi du meurtrier présumé de Laetitia.
« Le responsable de tout ça ce ne sont pas les magistrats comme l’a indiqué à tort le président de la République et qui devrait faire des excuses à cette profession qui souffre aujourd’hui de l’insuffisance de moyens », a déclaré l’ex-avocat sur RMC/BFM TV.
Nicolas Sarkozy « a dit qu’il y avait eu des fautes au lieu de dire « j’attends de voir s’il y a eu des fautes ». Lorsque vous accusez à tort, le minimum c’est de présenter des excuses, surtout lorsqu’on est chargé de garantir l’indépendance de la magistrature et de la justice », a-t-il poursuivi.
Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, a indiqué mardi que les rapports administratifs sur le suivi du suspect du meurtre de Laetitia n’avaient pas révélé non plus de « faute personnelle » dans la police mais un défaut de « transmission d’information » entre services.

mardi 15 février 2011

Sur la télévision : Hugo Chavez-Nicolas Sarkozy, même combat! (sur le site des Idées et des rêves)

 

Crever l’écran. Pour une autre télévision

 Mode d’emploi de la transformation : pour une autre organisation de la télévision,  garante du pluralisme, de la libre information et du mieux-disant culturel.
 
 
 Jeudi 10 février, le chef de l’Etat a disposé de deux heures pour asséner sa  politique dans une mise en scène qui ressemblait à une co-production publicitaire TF1-Elysée, avec pour seul but l'autopromotion du Président de la République.
 
Sans aucune contradiction, sans aucune analyse produite par un journaliste qui fait son travail, cette émission à la Chavez constitue une preuve de plus de la République indécente qui se moque de l’équilibre démocratique et qui prend les Français pour des imbéciles, à coups de manipulations grossières. 80% des Français ne croient plus à la parole politique. Un tel simulacre ne peut que le renforcer. Car comment imaginer que les neuf Français présents sur le plateau puissent maîtriser les dossiers du Président de la République ? Comment imaginer qu'ils puissent avoir l’aisance du chef de l'État face à la caméra et la même complicité avec les dirigeants de TF1 ? L’échange est truqué.
 
Sous couvert de débat libre, ce n’est qu’une parodie, un vaste spot publicitaire organisé par des intérêts sans scrupule et sans souci d’une information libre et honnête.
 
Nous voulons dire notre soutien aux journalistes de la rédaction de TF1, qui auraient pu faire un vrai travail d'interview, porter la contestation, présenter des chiffres. La direction et les actionnaires de la chaîne les ont écartés par copinage et par intérêt.
 

La responsabilité des politiques

Il nous faut protéger les journalistes et rédactions de ces ingérences. Cela passe par l’imagination de nouvelles règles. Pour lutter contre la concentration et la consanguinité des intérêts politico-mediatico-financiers, il nous faudra interdire la possession d’un media à un groupe, dont le chiffre d’affaires dépend de façon prépondérante de la commande publique. La confusion des intérêts est un venin inoculé dans les veines du pluralisme. En dehors de cela, la démocratie n’est plus digne de confiance et le populisme monte lentement comme le lierre sur l’arbre.
 

La responsabilité des médias

Dans notre société de la communication, les chaînes de télévision sont dépositaires d’un bien commun : l’espace public d’une société dans lequel s’échangent les informations et les points de vue. Ce bien commun est à tous. Nul ne devrait pouvoir le confisquer pour diffuser ses valeurs ou pour pousser ses intérêts politiques. L’espace commun suppose une grande responsabilité, d’autant que la télévision est regardée plus de 3 heures par jour par chaque Français. Winston Churchill disait que « la responsabilité est le prix à payer du succès ». Mais comment la traduire dans les faits ? En changeant l’organisation de la télévision.
 

Organiser la télévision sous forme de « fondations du bien commun »

On le voit aujourd’hui, la télévision privée pose de graves problèmes. Placée sous la dictature de l’audimat et des intérêts financiers, elle n’hésite pas à être racoleuse, à abaisser l’horizon des Français, à diffuser des valeurs néfastes – l’appât du gain, la violence et la compétition acharnée – et à travestir la démocratie. Mais la télévision publique offre-t-elle de meilleures garanties ? Quelques unes, c’est certain, mais le risque est aussi présent : son président est nommé par le pouvoir et la suppression de la pub met en péril son équilibre financier, ajoutons la même course à l’audimat et les difficultés à dégager des temps d’information et de culture parce que le système pousse à la rentabilité. Qu’elle soit privée, ou publique (dans une moindre mesure), l’organisation de la télévision est défaillante, malgré des équipes qui voudraient mieux faire et qui sont prisonnières d’un mauvais système. 
 
Dans la mesure où l’espace public est un bien commun, nous proposons que chaque chaîne soit constituée en « fondation du bien commun », dont le conseil de surveillance serait un « conseil du bien commun », chargé de veiller à ce que l’espace public des Français ne soit confisqué par personne et soit le lieu où la société grandit ensemble, débat de manière constructive et s’ouvre de nouveaux horizons. Ce conseil de surveillance du bien commun à la tête de chaque chaîne serait pluraliste et composé de représentants de la nation, d’artistes, de chercheurs, d’intellectuels, d’usagers, de professionnels de l’audiovisuel et de la culture, mais aussi d’industriels et de partenaires privés et financiers. La direction exécutive serait toujours assumée par des professionnels. Ces conseils du bien commun auraient la tâche d’établir un cahier des charges pour une offre télévisuelle pluraliste et responsable, imposant une vraie politique culturelle, une éducation à l’image et à l’information, voire à la consommation, des espaces de débats pluralistes et de décryptage. Elles pourraient aussi encourager une publicité plus innovante et créative. Ainsi constituées en fondations du bien commun, les chaînes pourraient être financées tant par la redevance que par de l’argent privé, et contrôlées par un CSA plus rigoureux et au mode de composition repensé.
 
Il ne s’agit donc pas de vouer aux gémonies la télévision et les médias car ils sont au contraire un véritable support démocratique. Mais il nous appartient de garantir l’éclairage des consciences, en libérant l’espace public – notre bien commun, de la domination de l’argent et de la collusion des intérêts – pour que les médias jouent leur vrai rôle d’information et de communication à l’intérieur d’une société.
 
La notion de bien commun sera l’aiguillon d’une démocratie renouvelée.

samedi 12 février 2011

Arnaud Montebourg demande la même émission pour Mme Aubry que pour Le Président de la République

PARIS, 11 fév 2011 (AFP)
Le député socialiste Arnaud Montebourg a demandé vendredi à TF1 d'organiser pour Martine Aubry, "leader de l'opposition", la même émission que celle où a été invité Nicolas Sarkozy la veille.

"Je demande à TF1 d'organiser exactement la même émission pour le leader de l'opposition, qui est la première secrétaire du Parti socialiste, même format, même heure, face aux Français, où nous pourrons proposer nos contre projets, notre autre stratégie pour le pays, défendre nos valeurs", a dit M. Montebourg sur France Info.

"C'était une émission qui ressemblait à une co-production publicitaire TF1-Elysée, et qui organise l'autopromotion du président de la République", a jugé M. Montebourg.

"Aucune contradition, aucune analyse face à la mauvaise foi du président de la République, pour ne pas dire un certain nombre de contre-vérités", a déploré le candidat aux primaires socialistes pour 2012. "C'était une sorte d'émission à la Chavez" avec "pendant deux heures, des Français qui, on les comprend bien, face au président de la République, n'ont pas les moyens d'apporter la contradiction".

"S'il y avait eu sur le plateau un journaliste digne de ce nom qui avait travaillé son dossier, il lui aurait dit: mais comment se fait-il que vous annoncez que vous allez augmenter avec un demi-milliard les emplois aidés, alors que vous venez d'en supprimer 120.000?", a souligné le député de Saône-et-Loire au sujet du redéploiement de 500 millions d'euros au profit du budget du ministre de l'Emploi, annoncé par Nicolas Sarkozy.

M. Montebourg a également pointé du doigt la grogne des magistrats : "c'est le justiciable qui trinque", "nous avons là une destruction du service public. Je pourrais vous parler de la santé, c'est exactement la même chose. L'éducation, cela y ressemble".

lundi 7 février 2011

Je demande le gel des tarifs autoroutiers (sur le site d'Arnaud Montebourg)

La privatisation des sociétés d’autoroutes – décidée par D. de Villepin en 2005 – était supposée être favorable aux usagers. Elle se résume à des péages toujours plus élevés pour l’usager des profits toujours plus élevés pour les sociétés autoroutières et des dividendes toujours plus élevés pour les actionnaires. La hausse du prix des péages annoncée pour 2011 est de 2.24% compte tenu d’une taxe additionnelle sur les sociétés d’autoroutes, dite « taxe d’aménagement du territoire servant en partie à financer trains déficitaires ». Cette hausse intervient alors que le trafic autoroutier a progressé en 2010, et avec lui le chiffre d’affaires des sociétés d’autoroutes. Il était de 7,8 milliards en 2009. Il s’est hissé à 8,25 milliards en 2010. L’augmentation tarifaire exigée ne sert donc qu’à augmenter la rémunération des actionnaires et à améliorer la rentabilité des sociétés. Depuis la privatisation, elles ont augmenté de manière inconsidérée les tarifs autoroutiers avec l’accord bienveillant des pouvoirs publics. Il est indécent de répercuter aujourd’hui cette taxe additionnelle sur les automobilistes. Elle doit être prise sur les profits excessifs des sociétés. Je demande le gel des tarifs autoroutiers, par mesure de justice et de sauvegarde du pouvoir d’achat des Français. En tant que Président du Conseil général de Saône-et-Loire siégeant comme administrateur, non rémunéré, au Conseil d’Administration d’APRR (Autoroutes Paris Rhin Rhône), je me suis opposé par un vote contre à chaque augmentation tarifaire, le représentant de l’Etat acceptant systématiquement par son vote positif les augmentations réclamées par le concessionnaire. L’Etat doit être courageux et assumer la défense de l’intérêt général contre les enjeux d’argent des puissants.

jeudi 3 février 2011

Mondragon : le capitalisme coopératif à grande échelle (Sur le site des idées et des rêves)

Le capitalisme financier actuel, cette dictature sans tête, a toujours fait en sorte de reléguer le modèle coopératif au rang des utopies irréalisables ou au mieux possible, mais à une échelle tellement réduite, qu’il sera condamné à la marginalité.

Les tenants du système dominant avancent en général une série de deux arguments :
La démocratie économique dans l’entreprise est source de dysfonctionnements. Pour eux, les salariés associés n’ont pas la « fibre » entrepreneuriale ». Ils  bloquent les décisions qui pourraient être contraires à leur intérêt et qui sont pourtant indispensables au développement de l’entreprise.
Ensuite disent-ils, ce modèle est incapable de résister à la concurrence puisque les salariés associés décident du niveau général des salaires dans l’entreprise alors qu’il devrait l’être par l’état des forces du marché du travail. Ainsi, la coopérative n’est jamais compétitive.

L’histoire de Mondragon, coopérative du Pays basque espagnol vient défaire un à un ces arguments. Depuis sa création en 1957, la coopérative s’est développée à grande vitesse sur trois terrains concurrentiels : l’industrie ( Mondragon est propriétaire des électroménagers Fagor, Brandt, de Dietrich), les services bancaires et la distribution. Avec 85 000 salariés, un chiffre d’affaires supérieur à 15 milliards, Mondragon est devenu le 5e groupe économique espagnol.

Le modèle Mondragon de compétitivité  repose sur la démocratie interne, le développement de la formation professionnelle, l’amélioration de l’environnement social. Le groupe dispose de centres de  formation réputés, d’universités, d’une caisse d’assurance santé complémentaire auxquels tous les salariés/associés, les « socios » et leurs enfants ont droit.

Lorsque les résultats sont positifs, la partie non réinvestie des bénéfices est distribuée aux «socios». Enfin, impossible de trouver des salaires 20 ou 50 fois supérieurs à d’autres. Ici, l’écart salarial maximum est limité à 6.

L’esprit coopératif amène aussi à la gouvernance de l’entreprise, une lucidité et une acuité redoublée. Depuis 40 ans, le groupe met en oeuvre des stratégies industrielles à long terme loin, très loin des exigences de rentabilité à court terme des actionnaires du capitalisme financier.
Éthiquement supérieur, résolument tourné vers la production plutôt que la spéculation, le modèle coopératif résiste mieux aux crises. Après des décennies de marginalisation et de stigmatisation négative, il peut devenir l’un des modèles d’entreprise majeur du XXIe siècle.
Julien Dourgnon.