mardi 15 février 2011

Sur la télévision : Hugo Chavez-Nicolas Sarkozy, même combat! (sur le site des Idées et des rêves)

 

Crever l’écran. Pour une autre télévision

 Mode d’emploi de la transformation : pour une autre organisation de la télévision,  garante du pluralisme, de la libre information et du mieux-disant culturel.
 
 
 Jeudi 10 février, le chef de l’Etat a disposé de deux heures pour asséner sa  politique dans une mise en scène qui ressemblait à une co-production publicitaire TF1-Elysée, avec pour seul but l'autopromotion du Président de la République.
 
Sans aucune contradiction, sans aucune analyse produite par un journaliste qui fait son travail, cette émission à la Chavez constitue une preuve de plus de la République indécente qui se moque de l’équilibre démocratique et qui prend les Français pour des imbéciles, à coups de manipulations grossières. 80% des Français ne croient plus à la parole politique. Un tel simulacre ne peut que le renforcer. Car comment imaginer que les neuf Français présents sur le plateau puissent maîtriser les dossiers du Président de la République ? Comment imaginer qu'ils puissent avoir l’aisance du chef de l'État face à la caméra et la même complicité avec les dirigeants de TF1 ? L’échange est truqué.
 
Sous couvert de débat libre, ce n’est qu’une parodie, un vaste spot publicitaire organisé par des intérêts sans scrupule et sans souci d’une information libre et honnête.
 
Nous voulons dire notre soutien aux journalistes de la rédaction de TF1, qui auraient pu faire un vrai travail d'interview, porter la contestation, présenter des chiffres. La direction et les actionnaires de la chaîne les ont écartés par copinage et par intérêt.
 

La responsabilité des politiques

Il nous faut protéger les journalistes et rédactions de ces ingérences. Cela passe par l’imagination de nouvelles règles. Pour lutter contre la concentration et la consanguinité des intérêts politico-mediatico-financiers, il nous faudra interdire la possession d’un media à un groupe, dont le chiffre d’affaires dépend de façon prépondérante de la commande publique. La confusion des intérêts est un venin inoculé dans les veines du pluralisme. En dehors de cela, la démocratie n’est plus digne de confiance et le populisme monte lentement comme le lierre sur l’arbre.
 

La responsabilité des médias

Dans notre société de la communication, les chaînes de télévision sont dépositaires d’un bien commun : l’espace public d’une société dans lequel s’échangent les informations et les points de vue. Ce bien commun est à tous. Nul ne devrait pouvoir le confisquer pour diffuser ses valeurs ou pour pousser ses intérêts politiques. L’espace commun suppose une grande responsabilité, d’autant que la télévision est regardée plus de 3 heures par jour par chaque Français. Winston Churchill disait que « la responsabilité est le prix à payer du succès ». Mais comment la traduire dans les faits ? En changeant l’organisation de la télévision.
 

Organiser la télévision sous forme de « fondations du bien commun »

On le voit aujourd’hui, la télévision privée pose de graves problèmes. Placée sous la dictature de l’audimat et des intérêts financiers, elle n’hésite pas à être racoleuse, à abaisser l’horizon des Français, à diffuser des valeurs néfastes – l’appât du gain, la violence et la compétition acharnée – et à travestir la démocratie. Mais la télévision publique offre-t-elle de meilleures garanties ? Quelques unes, c’est certain, mais le risque est aussi présent : son président est nommé par le pouvoir et la suppression de la pub met en péril son équilibre financier, ajoutons la même course à l’audimat et les difficultés à dégager des temps d’information et de culture parce que le système pousse à la rentabilité. Qu’elle soit privée, ou publique (dans une moindre mesure), l’organisation de la télévision est défaillante, malgré des équipes qui voudraient mieux faire et qui sont prisonnières d’un mauvais système. 
 
Dans la mesure où l’espace public est un bien commun, nous proposons que chaque chaîne soit constituée en « fondation du bien commun », dont le conseil de surveillance serait un « conseil du bien commun », chargé de veiller à ce que l’espace public des Français ne soit confisqué par personne et soit le lieu où la société grandit ensemble, débat de manière constructive et s’ouvre de nouveaux horizons. Ce conseil de surveillance du bien commun à la tête de chaque chaîne serait pluraliste et composé de représentants de la nation, d’artistes, de chercheurs, d’intellectuels, d’usagers, de professionnels de l’audiovisuel et de la culture, mais aussi d’industriels et de partenaires privés et financiers. La direction exécutive serait toujours assumée par des professionnels. Ces conseils du bien commun auraient la tâche d’établir un cahier des charges pour une offre télévisuelle pluraliste et responsable, imposant une vraie politique culturelle, une éducation à l’image et à l’information, voire à la consommation, des espaces de débats pluralistes et de décryptage. Elles pourraient aussi encourager une publicité plus innovante et créative. Ainsi constituées en fondations du bien commun, les chaînes pourraient être financées tant par la redevance que par de l’argent privé, et contrôlées par un CSA plus rigoureux et au mode de composition repensé.
 
Il ne s’agit donc pas de vouer aux gémonies la télévision et les médias car ils sont au contraire un véritable support démocratique. Mais il nous appartient de garantir l’éclairage des consciences, en libérant l’espace public – notre bien commun, de la domination de l’argent et de la collusion des intérêts – pour que les médias jouent leur vrai rôle d’information et de communication à l’intérieur d’une société.
 
La notion de bien commun sera l’aiguillon d’une démocratie renouvelée.

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