jeudi 8 septembre 2011

Se battre pour la majorité oubliée

Alain Mergier et Jérôme Fourquet viennent de publier un petit ouvrage très intéressant intitulé « Le point de rupture » (Fondation Jean Jaurès, Essais) et consacré aux « ressorts du vote FN en milieux populaires ». C’est un travail éclairant et qui confirme le besoin d’une réelle alternative de la part des milieux populaires. Je suis en accord avec les auteurs sur les constats et notamment sur ce qu’ils disent de la perception de la crise par des millions de  nos concitoyens : « Les milieux populaires estiment que nous sommes déjà entrés dans une nouvelle séquence : l’après-crise n’est pas une sortie de crise, c’est une installation dans une situation qui a été instaurée par trois années de crise. Cette situation est plus dure, plus tendue, plus rude pour les plus vulnérables : plus inacceptable aussi car plus injuste ». Cette spirale dépressive pour le moral du pays doit être cassée. Mais il faut analyser en profondeur le mal qui ronge notre société et la démonstration des auteurs est très pertinente.
Le divorce entre les milieux populaires et la politique date, selon les auteurs, de la crise de 2008 et du sauvetage des banques sans contrepartie par l’Etat. Cet interventionnisme économique au bénéfice exclusif des banques est apparu comme une forme de trahison des promesses du Président Sarkozy. Une fois de plus je ne peux qu’acquiescer et témoigner, en tant que responsable politique, que s’est dessinée, entre 2008 et 2010, « dans les représentations de tous les milieux sociaux l’hégémonie d’une oligarchie financière rassemblant grands patrons du CAC 40, fonds d’investissements, banques et traders ». Finalement, les milieux populaires, à ce qu’en disent Alain Mergier et Jérôme Fourquet, ont une vision assez juste du rôle des marchés financiers : « Les marchés financiers exercent leur pouvoir non pas au nom de l’économie mais de leur propre profit ». L’inquiétude face la dette induit la quête d’une véritable alternative. L’accumulation des insécurités vécues et/ou ressenties (l’un n’allant que rarement sans l’autre) nécessite une réponse politique, une volonté politique, une alternative politique. Cette France décrite par les auteurs de ce petit livre, est la France de la majorité oubliée, à laquelle je m’adresse et à laquelle je propose une autre vision de l’avenir.
Le diagnostic est en effet important à effectuer mais il est primordial d’apporter un remède. Les solutions politiques, l’alternative à bâtir, la prise en compte de l’impact de la mondialisation et de sa perception par les citoyens, sont le seul remède à la montée de l’extrême-droite.
La recherche de protection par les Français implique en effet que la gauche apporte des solutions radicalement différentes de celles du passé. Il nous faut être audacieux. C’est le sens de mon projet : démondialisation, mise sous tutelle de banques, 6ème République, réindustrialisation, réponse aux défis environnementaux, réhabilitation d’une véritable égalité dans notre pays, protection de nos savoir-faire dans cette jungle économique qu’est la mondialisation… Les Français n’attendent pas des solutions faciles mais du courage et de la volonté. Oui, il y a la place pour une alternative de progrès à gauche, une alternative qui parle à ces millions d’ouvriers et d’employés insécurisés. Cette alternative, elle passe par les primaires du PS, le 9 octobre prochain…

Arnaud Montebourg

Crise : le courage c’est de dire la vérité

Avons-nous un gouvernement qui voit loin ? Derrière le programme de l’UMP dévoilé par Bruno Le Maire, on sent évidemment poindre une vision comptable mais pas une vision politique, sans même parler de la moindre once de vision historique.
Le problème du programme de l’UMP, tel qu’il a été pensé, c’est qu’il fait l’impasse sur un risque majeur : celui que l’Espagne fasse défaut d’ici la fin de l’année. Mardi dernier, je recevais, au cours d’un colloque que j’organisais avec Jean-Pierre Chevènement à Paris, Jacques Sapir, économiste de renom et auteur de « La démondialisation », livre dont je conseille la lecture tant il est éclairant sur les enjeux de notre temps. Jacques Sapir faisait remarquer que d’ici la fin de l’année, la moitié des 21% de chômeurs espagnols seraient en fin de droits. C’est évidemment un drame humain pour des millions de citoyens espagnols qui se profile. Mais c’est surtout un risque majeur dans un pays dont la croissance passée a été tirée par l’endettement des ménages et une imposante bulle immobilière. Pour les banques ibériques, des chômeurs en fin de droit, ce sont des crédits non remboursés.
La dégradation des notes de plusieurs gouvernements provinciaux espagnols incite en effet à regarder avec vigilance l’évolution de la situation espagnole. Comment ferons-nous pour pallier un défaut de l’Espagne ? Le total des dettes est équivalent, en Espagne, à cinq fois le PIB ! Le forfait de Zapatero aux prochaines élections, le vaste mouvement des Indignados de la Puerta del Sol sont les conséquences d’une situation économique gravissime pour nos voisins d’outre-Pyrénées.
Eurobonds et mutualisation de la dette ? Les Français y semblent davantage prêts que leurs voisins. Nous pouvons aussi envisager la monétisation de la dette. Cela permettrait au moins de dévaluer quelque peu l’euro, sur-évalué, dans un univers de monnaies (Yuan et Dollar) sous-évaluées. Sans ces solutions, les trous d’air économiques à répétitions que les orages de la dette nous font vivre, risquent de se transformer en cyclone de la dépression !
Dans ce contexte, la droite nous propose une « règle d’or » qui sera pour notre pays l’an I des années de plomb. La droite – et ceux qui calqueront leur programme sur le sien – n’auront d’autre choix que de faire subir au pays des « plans de rigueurs » en rafale s’ils ne changent pas radicalement de discours et de politique. Un plan de rigueur, ce ne sont pas que des chiffres, ce sont des vies. Un plan de rigueur, dans les proportions en question, cela se chiffre en coût humain : c’est moins d’infirmières et de médecins et des couloirs d’hôpitaux remplis de brancard qui bouchonnent, c’est moins de policiers ou de gendarmes mais plus de répression, ce sont des professeurs dont on allonge la durée de travail sans leur donner les moyens pédagogiques nécessaires, ce sont des mairies, des conseils généraux privés de moyens et donc, par exemples, des services sociaux ou des programmes péri-scolaires qui disparaissent. Un plan de rigueur, ça ne se chiffre pas, ça se vit !
Pour ma part, je pense qu’en politique, il n’y a qu’une règle à tenir, c’est de dire la vérité. Et la vérité est la suivante : soit nous changeons radicalement de politique, soit nous risquons de subir la plus vaste période de récession de notre histoire économique. Une alternative reste à bâtir. Cela nécessite de bâtir un protectionnisme européen, social, environnemental et industriel. Cela nécessite de bâtir conjointement avec l’Allemagne et les quinze autres membres de la zone euro, une stratégie politique de gouvernement de notre monnaie unique. Cela nécessite surtout le courage de la vérité. C’est tout l’objet de ma candidature.

Arnaud Montebourg

dimanche 4 septembre 2011

Oui nous pouvons!

« C'est en gardant le silence, alors qu'ils devraient protester, que les hommes deviennent lâches » (Abraham Lincoln)


Jusqu'à quand les forces de l'argent abuseront-elles de notre patience? Combien de temps les lobbys abuseront-ils de notre lâche tolérance? Jusqu'à quand les ayatollahs du libéralisme profiteront-ils des fruits de notre inaction?
Au lendemain d'une crise financière qui ébranlé l'économie mondiale et mis en lumière l'illusion libérale, nous pourrions nous révolter, proposer un système économique conciliant prospérité, solidarité et justice sociale. Au lieu de cela chacun fait le choix de la paresse, de l'inaction, de la résignation : chacun rentre chez soi, tremble à l'idée de défendre ses droits, et épuise sa colère devant son téléviseur.
Au lendemain d'un printemps arabe qui a mis en lumière les dysfonctionnements de notre République et l'inadéquation de notre politique internationale, nous pourrions revenir avec lucidité aux valeurs de nos Pères Fondateurs et défendre becs et ongles la liberté, l'égalité, la fraternité, la laïcité. Au lieu de cela nous espérons que d'autres fassent notre devoir, nous vivons dans l'insouciance, nous dormons.

Ouvrons les yeux, sortons de notre sommeil. Les forces de la régression triomphent de notre manque de lucidité et de vigilance, nous nous faisons les complices de leurs succès : une espérance sans volonté est une espérance qui n'est pas crédible, là où il y a une volonté il y a toujours un chemin.
En 1789 nos pères et nos mères se sont battus pour abolir les privilèges et l'arbitraire, et ils ont triomphé. En 1848 nos pères et nos mères se sont battus pour défendre l'égalité, et ils ont triomphé. En 1944 nos pères et nos mères se sont battus pour une égalité des droits, et ils ont triomphé. En 2011, nous, nous avons faits le choix de rester les bras croisés.
Reprenons le flambeau de nos pères et de nos mères : l'Histoire de France est remplie de pages blanches qu'il nous appartient de noircir. Par nos volontés, par notre persévérance, par notre vigilance. Alors que toutes les colères des Français sont isolées, il nous appartient de rassembler ces millions de colères, pour ne former qu'une seule colère, qu'il nous appartient de transformer en espérance de changement.

Demain, nous pouvons restaurer notre industrie, favoriser l'innovation, améliorer notre système éducatif.
Demain, nous pouvons retrouver notre rang dans le monde, mutualiser les atouts de l'Europe.
Demain, nous pouvons améliorer le pouvoir d'achat, établir l'équité, bâtir le capitalisme d'après.
En un mot comme en cent : vivement demain!

Le 16 octobre 2011, il ne doit y avoir qu'un seul vainqueur : c'est l'espoir. Nous n'avons que deux ennemis : la résignation et notre paresse. Il est tellement plaisant et charmant de se dire que même en gardant les mains dans les poches, Arnaud Montebourg gagnera les primaires socialistes. Il est tellement agréable à l'oreille de se persuader que nous nous accomoderons du libéralisme et d'un deuxième mandat Sarkozy. Soyons sages, lucides, clairvoyants : les Français attendent de nous des actes et non des paroles.
Notre heure est venue : le changement est possible, si on a la volonté d'y croire.