« Je propose un autre chemin au pays pour relever la France et renouer avec sa tradition productive : la démondialisation. C’est un processus politique visant à reterritorialiser l’économie en rapprochant les lieux de consommation et de production » - Arnaud Montebourg
Qu’est-ce que la « démondialisation » ?
Un constat économique et social : la « mondialisation » marchande, en régime de libre échange, a conduit à mettre en concurrence des ouvriers, des employés, des ingénieurs vivant sous des régimes sociaux très divers. Cette concurrence a provoqué, dans les pays du Nord, des délocalisations, des destructions d’emplois, ainsi qu’une baisse généralisée des salaires, tandis qu’elle a contribué à accroître les fragilités structurelles des pays du Sud, dotés d’une demande intérieure très fragile.
Un constat écologique : la globalisation libérale a les yeux rivés sur des résultats strictement financiers. Elle ne voit pas les nombreux dégâts qu’une telle obsession cause à notre environnement : carbonisation de l’économie, pollution accrue par la surconsommation et les transports inutiles, gaspillage des ressources naturelles, transfert des déchets toxiques dans les pays du Sud, etc.
Un constat politique : depuis près de vingt ans, l’idéologie libérale s’est imposée comme un paradigme dominant l’élaboration des idées politiques. Toute pensée alternative, susceptible de remettre en cause de façon générale le régime libre-échangiste défendu par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a été systématiquement rejetée comme « utopique » par des experts très ennuyeux. Aujourd’hui, force est de constater la crise de la social-démocratie : les réponses qu’elle propose ne sont plus adaptées aux enjeux contemporains.
Une volonté de réaction à l’échelle nationale : afin de réparer les dommages causés, en France, par la mondialisation libérale, une réaction politique est nécessaire. L’Etat doit à nouveau définir et soutenir une politique industrielle innovante susceptible de rapprocher les centres de production des lieux de consommation, ainsi que d’améliorer les conditions d’emploi et de rémunération des travailleurs français.
Une volonté de réaction à l’échelle européenne : les traités et textes juridiques communautaires, d’inspiration néolibérale, ont promu une politique contraignante de libre concurrence et de rigidité budgétaire inadaptée aux besoins des pays européens. Il est temps de discuter d’une nouvelle stratégie industrielle commune, écologiquement responsable avec nos voisins européens, à commencer par l’Allemagne.
Bilan : Démondialiser consiste à fonder une nouvelle pratique de la frontière et de la protection. La frontière non seulement pour protéger, mais aussi pour muter. Demain, aux frontières de l'Europe, il faudra faire en sorte que les produits importés payent le juste coût écologique et social défini par des accords bilatéraux. C’est une forme de conditionnalité à l’entrée des produits. Toutefois, il ne s’agit pas de pénaliser les pays du Sud pour protéger le Nord. Nos industries ne peuvent s’abstraire de l’effort de mutation. Elles aussi, via une taxe carbone, devront supporter le poids de la mutation. La démondialisation repose ainsi sur la réciprocité et l’adaptation commune à de nouvelles normes. Les sommes récoltées aux différentes frontières pourront alors être utilisées dans des fonds de conversion écologique des industries, prévus par le protocole de Kyoto.
Quelques chiffres :
- Le taux de croissance annuel du salaire net moyen, qui s’élevait à près de 4% dans les années, a chuté à moins de 1% depuis les années 1980. Il est tombé à 0,4% entre 2000 et 2004.
- En 30 ans, environ 2 millions d’emplois industriels ont été détruits en France.
- Les délocalisations seraient responsables du chômage de 4% de la population active française.
- Les déchets électroniques croissent au rythme de 40 millions de tonnes par an dans le monde.
Quelles sont les propositions soutenues par Arnaud Montebourg – « candidat de la démondialisation » – et le mouvement « Des idées et des rêves » ?
Doter l’Union européenne (UE) d’une « diplomatie écologique et sociale » pour faire intégrer dans les traités de l’OMC de nouvelles conditions non-marchandes. Son rôle sera de faire intégrer dans les traités de libre échange de l’OMC de nouvelles conditions non-marchandes, afin de garantir que la compétition ne se fasse pas au détriment du travail et de l’environnement.
Invoquer les règles sanitaires, sociales et environnementales pour encadrer le commerce mondial. En invoquant dès à présent l’article XX du GATT qui octroie des dérogations aux obligations du Traité de l’OMC si sont en jeu certains critères d’intérêt public.
Créer une agence française sanitaire, sociale et environnementale chargée de calculer le coût social et économique des biens. Cette agence sera capable d’établir un « juste coût carbone », mais aussi sanitaire et social, produit par produit, et de proposer à l’Union Européenne des mesures anti-dumping.
Instaurer une taxe carbone extérieure aux frontières de l’UE, et reverser les sommes collectées aux au Fonds d’adaptation prévu par le protocole de Kyoto. Egalement, instaurer par des traités bilatéraux un système de préférences commerciales au bénéfice des pays s’adaptant au mieux et au plus vite aux normes sociales et écologiques internationales.
Créer une taxe carbone européenne progressiste et progressive, à l’intérieur de l’UE. Cette taxe intérieure encouragerait les entreprises à changer leurs manières de produire et établirait une équité avec les firmes non-européennes soumises à la taxe carbone extérieure.
Adopter, en France, une loi faisant appliquer la responsabilité sociale et environnementale (RSE) des entreprises transnationales produisant dans les pays à faible coût, afin d’engager la responsabilité des maisons mères dont les filiales adoptent, à l’étranger, des comportements caractérisant des « fautes lourdes ».
Obliger toute entreprise cotée en bourse à publier un rapport annuel sur l’impact social et environnemental de leurs activités.
Pour aller plus loin, lire notamment :
- Arnaud Montebourg, Des idées et des rêves, Flammarion, 2010
- Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Globalisation, le pire est à venir, La Découverte, 2008
- Walden Bello, Deglobalization: Ideas for a New World Economy, (en anglais) Zed Books, 2002
- Naomi Klein, No logo. La tyrannie des marques, Actes Sud, 2002
- Jacques Sapir, La démondialisation, Le Seuil, 2011
- John Saul, Mot de la globalisation, Payot, 2006
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